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Nourredine Aoussat, un petit idéologue islamiste entre prédication et activisme politique

Figure discrète de l’islamisme francophone contemporain, avec une influence relative sur les réseaux sociaux, Noureddine Aoussat se distingue comme figure islamiste prolifique. Il s’agit d’un activiste engagé dans la défense d’une vision à la fois communautariste et rétrograde de l’islam. Peu connu du grand public, il représente cette hybridation entre l’islamisme classique et l’action identitaire hostile aux principes républicains, notamment la laïcité.

Par Mohamed Sifaoui

Publié le 17 juin 2025

Nourredine Aoussat, un petit idéologue islamiste entre prédication et activisme politique

Noureddine Aoussat incarne une forme d’islamisme « soft » mais stratégiquement efficace, reposant sur la formation d’une contre-société musulmane détachée des normes majoritaires.

Formé à la rhétorique islamiste sans appartenir à une institution académique classique, Noureddine Aoussat a construit sa pseudo « autorité religieuse » qui ne fonctionne que sur quelques ignorants de la chose islamique, des convertis manipulables à souhait ou autres beurs souffrant d’une crise identitaire. Oui le borgne, surtout prédicateur fanatisé, est roi au royaume d’une jeunesse aveugle et malléable. À travers ses prêches, ses publications et ses interventions dans l’espace numérique, il fait illusion. Il s’inscrit dans une mouvance que l’on pourrait qualifier de « néo-frériste », dans la mesure où il combine les thèmes islamistes dits « réformistes » et les éléments discursifs du salafisme, en les adaptant aux enjeux des sociétés occidentales, non sans se rapprocher de certains idiots utiles – et autres idiots tout court – se réclamant de la gauche et qui sont toujours pressés à se jeter dans la gueule de l’islam politique pour lui prêter aide et assistance. 

Aoussat développe une stratégie communicationnelle sophistiquée, reposant sur une double rhétorique : d’un côté, un discours modéré à l’intention du public non musulman, visant à rassurer et à se présenter comme un acteur du dialogue interculturel ; de l’autre, un discours codé à destination de l’audience musulmane pratiquante, dans lequel il appelle à une séparation morale et culturelle nette d’avec les normes occidentales. Ce positionnement n’est pas sans rappeler celui d’autres figures islamistes actives en Europe, telles que Nabil Ennasri ou Tariq Ramadan, avec lesquels il partage une même volonté d’islamisation par le bas et par la transformation des institutions depuis l’intérieur.

Il entretient des liens étroits avec plusieurs associations islamistes et communautaristes, ainsi qu’avec différents prédicateurs salafistes francophones. Il est également actif dans la sphère numérique, où ses contenus vidéos, ses articles et ses interventions sur certaines plateformes visent une audience francophone jeune, souvent en quête de repères identitaires et religieux.

Ses positions et ses provocations répétées valent à cet imam autoproclamé d’être sous surveillance de certains services de renseignement, notamment pour ses prises de position ambigües sur la violence politique et pour son rôle dans la radicalisation de certains jeunes issus de l’immigration. Si Aoussat ne prône pas ouvertement la violence, son discours contribue néanmoins à légitimer une logique de confrontation avec les normes républicaines, nourrissant un imaginaire de persécution et de résistance. Comme tous les prédicateurs islamistes il manipule le discours victimaire et déploie, plus ou moins subtilement, un discours de diabolisation contre la France, ses valeurs et certains de ses représentants politiques. Sa dernière cible est Gabriel Attal. 

Astucieusement, il a promis de lancer une « fatwa » contre l’ancien Premier ministre, qui n’est autre qu’un « avis religieux ». Mais il l’a fait en connaissance de cause, en jouant sur l’ambiguïté que représente ce mot, perçu le plus souvent en Occident, par méconnaissance le plus souvent, comme une menace de mort. Y compris par certains ignorants qui se réclament de la religion musulmane.

Comment faut-il interpréter cette dangereuse provocation ? Si Noureddine Aoussat n’a aucune légitimité, selon la jurisprudence islamique, pour émettre une « fatwa », dans le sens premier du terme étant donné qu’il n’est ni jurisconsulte, ni mufti, il a une aura suffisante pour lancer une « fatwa » dans le sens courant du terme et amener quelques écervelés fanatisés, à l’image de ce qu’avait fait un certain Abdelhakim Sefrioui dont la responsabilité dans l’affaire Samuel Paty a été établie par la justice, à agir et à commettre l’irréparable. 

Une loi existe désormais pour poursuivre ces énergumènes qui utilisent les réseaux sociaux afin d’exciter lâchement des esprits manipulables. L’on peut espérer que les magistrats saisiront la démarche vicieuse de cet individu. En apparence, Noureddine Aoussat incarne une forme d’islamisme « soft » mais stratégiquement efficace, reposant sur la formation d’une contre-société musulmane détachée des normes majoritaires. Son cas illustre les recompositions idéologiques de l’islamisme en contexte occidental, entre repli identitaire, guerre culturelle, et ambition de réforme islamique globale. En réalité, il représente cet islam politique qui agit insidieusement, mais pas moins dangereusement. L’État de droit doit apprendre à neutraliser ce genre de profils. 

M. S.

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