Membre du groupe État Islamique et frère d’un des assaillants du Bataclan
Un terroriste assigné à résidence dans un hôtel
Les habitants de Lure, en Haute-Saône, sont inquiets et en colère. Le motif : un terroriste islamiste du nom de Karim Mohamed-Aggad, quoiqu’il soit surveillé, se balade en toute liberté dans leur ville. Frère d’un des terroristes qui ont commis l’attentat du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad, il a été membre de l’organisation terroriste Etat Islamique en Syrie. Il a été jugé et condamné en France à neuf ans de prison; après avoir purgé sa peine et avoir été déchu de la nationalité française, il a été placé dans un centre de rétention administrative à Metz avant d’être assigné à résidence dans un hôtel à Lure.
Par Cherif Berkache
Publié le 11 février 2025

Foued Mohamed-Aggad, frère cadet de Karim Mohamed-Aggad, faisait partie du commando du Bataclan.
L’individu en question, âgé de 34 ans, a été membre du groupe terroriste État Islamique entre 2013 et 2014 en Syrie où il était parti avec son frère qui faisait partie des terroristes qui ont perpétré, le 13 novembre 2015, le massacre du Bataclan.
Jugé en France à son retour de Syrie, Karim Mohamed-Aggad a été poursuivi pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et condamné, en mai 2017, à neuf ans de prison.
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Jugé en France à son retour de Syrie, Karim Mohamed-Aggad a été poursuivi pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et condamné, en mai 2017, à neuf ans de prison par la cour d’appel de Paris. A peine a-t-il purgé sa peine, il a été de nouveau condamné à six mois de prison parce qu’il n’a pas respecté les mesures de surveillance qui lui étaient imposées.
Il a été déchu de sa nationalité française en novembre 2023. Et en juin 2024, il a été placé au centre de rétention administrative de Metz avant d’être assigné à résidence, par arrêté du ministre de l’Intérieur, quelques jours plus tard, à Lure. Et ce, en attendant une hypothétique expulsion du territoire français. Il est de père algérien et de mère marocaine mais aucun des deux pays, l’Algérie et le Maroc, n’a délivré le laissez-passer consulaire.
C’est en janvier dernier que le terroriste a été identifié en ville parce qu’il fréquente les commerces locaux. Cela a provoqué l’inquiétude et la colère.
À Lure, le terroriste est assigné à résidence et hébergé dans un hôtel discrètement. Pendant plus de six mois, les habitants n’étaient pas au courant. C’est en janvier dernier que le terroriste a été identifié en ville parce qu’il fréquente les commerces locaux. Cela a provoqué l’inquiétude et la colère des habitants qui n’arrêtent pas d’interpeler leur maire, Éric Houlley, qui se dit impuissant.
Le maire de Lure essaye d’expliquer la situation dans les colonnes du journal local L’Est Républicain : «J’ai été prévenu dès le début par le préfet, qui m’a demandé la plus grande discrétion, explique le maire de Lure. J’ai respecté, mais je lui ai dit mon désaccord total avec cette mesure d’assignation à résidence, car j’étais sûr que ça finirait par se savoir et que ça inquiéterait la population. Je lui ai donc demandé d’organiser des rotations, de le changer d’endroit régulièrement pour qu’il n’ait pas le temps d’être reconnu. Je suis aussi intervenu auprès du ministère de l’Intérieur, mais il ne s’est rien passé».
Les habitants de Lure sont inquiets et ne cessent de protester auprès de leur maire, lequel se plaint qu’il ne soit pas écouté par le ministère de l’Intérieur et que les craintes de ses administrés ne soient pas prises en considération.
Le maire de Lure est excédé par cette affaire : «Nous sommes confrontés à une inertie désolante de la part de l’État, déplore Eric Houlley, même si je sais qu’il s’agit d’un sujet difficile. Les élus locaux se sentent démunis. On n’a aucun pouvoir en la matière, on nous impose une décision qu’on ne souhaite pas».
Selon des informations rapportées par L’Est Républicain, Karim Mohamed-Aggad fait l’objet d’une surveillance très étroite. Contraint de pointer trois fois par jour à la gendarmerie, astreint à un couvre-feu de 21h à 7h, il respecterait ses obligations à la lettre et n’aurait jusqu’ici posé aucune difficulté particulière durant son séjour à Lure. Cependant, les habitants de Lure sont inquiets et ne cessent de protester auprès de leur maire, lequel se plaint qu’il ne soit pas écouté par le ministère de l’Intérieur et que les craintes de ses administrés ne soient pas prises en considération.
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