Chronique d’un suicide civilisationnel
Par Kamel Bencheikh
Publié le 8 juillet 2025

Image de publicité produite et utilisée en 2018 par la marque américaine de vêtements GAP.
Ils ont troqué les Lumières contre la lampe à huile. La liberté contre le voile. L’universel contre l’ethnique. L’Occident, cette vieille civilisation qui offrit au monde l’idée de la personne, de la conscience, de la loi séparée du dogme, de l’amour libre, en est venu à haïr ce qu’il a été.
On ne l’a pas vaincu. Il s’est couché. Il n’a pas été conquis. Il s’est donné.
Il ne s’agit plus ici de naïveté, ni d’un simple égarement idéologique. Non. Il s’agit d’un consentement enthousiaste à sa propre disparition. Il s’agit d’un reniement structuré, documenté, enseigné. D’un effacement stratégique, travesti en vertu. L’Occident se saborde à visage découvert, avec des slogans progressistes en bandoulière, mais une soumission en bandage autour de l’âme.
La grande idée d’émancipation – de toutes et tous, sans condition de couleur, de croyance ou d’origine – a été remplacée par une idolâtrie des communautés. Plus personne ne pense en citoyen, on pense en assigné : musulman, noir, queer, racisé, femme voilée, et j’en passe. Le mérite a été jeté aux ordures, la liberté s’est effacée devant la susceptibilité, et la critique a été criminalisée sous le nom d’ « islamophobie ».
Derrière tout cela, une puissance patiente avance : l’islamisme. Il n’a rien demandé. Il n’a rien conquis. On lui a tout offert. Des écoles aux mairies, des universités aux plateaux télé, on lui déroule le tapis. Il n’a même plus besoin d’imposer quoi que ce soit par la violence : des gens très bien, très diplômés, le font à sa place, au nom du respect, de la diversité, de la repentance.
On interdit un drapeau LGBTQ ici, on défend la polygamie là, on tolère les piscines genrées, on justifie les voiles sur les fillettes, on laisse les sermons obscurantistes s’installer dans les quartiers, et toujours, toujours, les mêmes applaudissent.
Ils applaudissent le retour du sacré, de la hiérarchie, de la séparation des sexes. Ils acclament les prédicateurs, pleins de virilité orientale, qui leur promettent la soumission comme émancipation. Ils désignent comme fasciste celui qui défend la laïcité, et comme humaniste celui qui excuse les lapidations.
Ce ne sont pas des complices, c’est pire. Ce sont des croyants d’un nouveau genre : ils croient que s’effacer est un devoir. Ils croient que toute critique est une agression. Ils croient que la République est coupable, et que ses ennemis sont des victimes. Ils sont les porte-flambeaux d’un suicide civilisationnel.
Ils croient éteindre le racisme, ils rallument l’obscurantisme. Ils croient apaiser, ils radicalisent. Ils croient aimer, ils trahissent.
C’est une religion sans dieu, mais avec des dogmes. Elle s’appelle la haine de soi. Et elle s’étend.
Mais il reste des femmes et des hommes debout. Qui n’ont pas honte de l’universel. Qui se souviennent que la liberté ne se négocie pas, que l’égalité n’a pas d’exception culturelle, et que la fraternité n’est pas une capitulation.
Nous ne plierons pas. Nous ne pactiserons pas. Car nous savons que ce n’est pas « l’autre » que nous combattons, mais le renoncement à nous-mêmes.
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