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Mardi 24 juin à Alger : Boualem Sansal en appel. Pour des mots. Pour des idées. Pour l’Algérie.

Je n’écris pas ces lignes en tant qu’observateur. J’écris depuis un lieu plus profond, plus nu, plus sacré : celui de l’amitié. Boualem Sansal est mon ami. Mon frère d’encre. Mon compagnon d’indignation. Mon camarade de combat. Un homme libre dans un monde qui bâillonne. Un écrivain immense, traduit dans des dizaines de langues, salué par les plus grandes académies du monde, et qui dort pourtant depuis plus de sept mois dans une cellule. Pas pour avoir trahi son peuple — mais pour avoir espéré sa libération.

Par Kamel Bencheikh

Publié le 24 juin 2025

Mardi 24 juin à Alger : Boualem Sansal en appel. Pour des mots. Pour des idées. Pour l’Algérie.

Boualem Sansal est mon ami. Mon frère d’encre. Mon compagnon d’indignation. Mon camarade de combat.

Boualem écrit avec la rigueur d’un moraliste, la tendresse d’un père, la précision d’un historien, et la lucidité d’un veilleur qui n’a jamais quitté son poste. Il a aimé l’Algérie plus que tous ceux qui prétendent la défendre à coups de barreaux et de verdicts.

Ce qui lui est reproché ? D’avoir dit, dans une langue souveraine et sans servitude, ce que beaucoup murmurent. D’avoir vu le désastre islamiste avant les autres. D’avoir refusé de s’agenouiller devant la religion d’État ou la terreur politique. D’avoir été, au fond, un homme debout dans un pays où l’on préfère les dos courbés.

Je suis à Montréal et je pense à lui, là-bas, enfermé, tandis que ses livres sont libres, eux, et voguent de Buenos Aires à Berlin, de New York à Reykjavik. Ses idées traversent les murs, son nom est porté par les vents de l’exil, par les lecteurs, par les justes.

Le 24 juin, l’Algérie aura une occasion rare : se regarder dans un miroir. Juger un écrivain pour avoir écrit, c’est condamner la lumière à rester dans les ténèbres. Le laisser libre, c’est choisir la grandeur, l’honneur, la paix.

Ce combat n’est pas que juridique. Il est moral, poétique, vital. Il concerne l’âme même de la littérature, la liberté de dire, de penser, de rêver. Il concerne tous ceux qui croient qu’un pays qui enferme ses poètes ne fait qu’ériger des murs autour de son propre avenir.

Je ne cesserai jamais de me battre pour Boualem, avec amour, avec foi, avec cette colère lumineuse qui naît quand l’injustice devient insupportable. Je me battrai pour que son nom ne soit pas enseveli dans le silence mais gravé dans le marbre de notre mémoire.

Boualem Sansal est innocent. Son seul crime : penser librement. Aimer sans illusions. Écrire sans peur. Pour cela, il mérite des prix, pas des barreaux.

K. B.

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