Double processus, démocratique et antidémocratique

Par Karim Maloum

Publié le 5 octobre 2024

Double processus, démocratique et antidémocratique

Ce 5 octobre marque le trentième-sixième anniversaire du soulèvement populaire algérien de 1988, qui a mis un terme au système de parti unique et amorcé un double processus politique, démocratique avec l’instauration du multipartisme et antidémocratique avec la légalisation de partis islamistes.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1988, les quartiers populaires de Bab el-Oued et d’El-Harrach à Alger s’embrasent. Des voitures sont en feu, des magasins sont vandalisés, les jeunes émeutiers occupent les places publiques.
Cette révolte résulte de vingt-six ans de régime de parti unique et d’une subite crise économique qui a produit des pénuries et une flambée des prix mais aussi en raison d’une démographie galopante, avec une population dont 75 % des individus ont moins de 30 ans. La classe dirigeante corrompue, elle-même à l’origine de cette situation, est incapable de la gérer. L’état de siège est déclaré et l’armée est chargée de rétablir l’ordre. Les islamistes entrent en action et encadrent les révoltes dans certains quartiers.
En février 1989, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum et met en place le multipartisme. Le Front islamique du salut (FIS) figure parmi les partis légalisés. Le pouvoir laisse faire les islamistes et les démocrates ne prennent pas conscience du danger.
En juin 1990, le FIS gagne les élections municipales avec plus de 50% des voix. Et, en décembre 1991, il gagne le premier tour des législatives mais il n’y aura de deuxième tour le processus électoral ayant été interrompu pour empêcher le parti islamiste de prendre le pouvoir.
Le même scénario se reproduira, un quart de siècle plus tard, dans plusieurs pays musulmans, après des révoltes les islamistes remportent des élections.
Les islamistes sont fondamentalement contre la démocratie et sont les ennemis des libertés mais utilisent le système démocratique et la liberté qu’il offre pour s’emparer du pouvoir, dans des pays musulmans ou, quand ils ne le peuvent pas, faire avancer leur cause, leur projet, comme ils le font actuellement en Occident.

K.M.

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