Antisémitisme et antisionisme

2024, l’année de tous les dangers

Une récente analyse de l’IFOP sur l’antisémitisme pose la problématique en ces termes : « En 2023, le service de Protection de la communauté juive (SPCJ) et le ministère de l’Intérieur ont recensé 1676 actes antisémites. Près de 60% d’entre-eux portaient atteinte à des personnes et prenaient le plus souvent la forme de gestes et propos menaçants. Entre janvier et septembre 2023, le SPCJ et le ministère de l’intérieur recensaient en moyenne une quarantaine d’actes par mois. Dès le 7 octobre, jour de l’attaque du Hamas en territoire israélien, ce chiffre explosait avec une augmentation de plus de 1000%. C’est une constante : la médiatisation d’un évènement antisémite d’une gravité extrême agit comme un catalyseur et engendre presque systématiquement une recrudescence des manifestations de haine antijuive. »

Par Franck Serfati

Publié le 3 octobre 2024

Si chacun aura bien en tête la définition juridique de l’antisémitisme, en revanche la frontière est ténue avec l’antisionisme. L’antisémitisme, c’est l’hostilité, le racisme dirigé contre les juifs; l’antisionisme, c’est hostilité contre l’Etat d’Israël. Si la haine d’Israël est bien perçue comme étant la première cause d’antisémitisme, le sujet est devenu éminemment politique et source d’inquiétude parmi la communauté juive française, dont l’ “alya” intérieure comme la montée vers Israël est chaque mois plus importante. Les causes sont protéiformes, préjugés, islamisme, extrême gauche pro palestinienne, idéologisation et antisémitisme à l’école et dans les universités.

Le gouvernement comme les juges ont beau durcir la répression contre les antisémites de tous bords, rien n’y fait la situation empire. Que dire…que faire… qui n’ait déjà été dit ou tenté ? Quelle autre solution reste-il à la communauté juive que de se défendre chaque jour contre la lie de l’humanité. Contre le risque d’une nouvelle shoah, d’un nouveau pogrom, latent et prêt à rejaillir des cendres à peine refroidies du pire crime contre l’humanité, comme on l’a vu le 7 octobre 2023 alors que le Hamas attaquait des civils sans défense en commettant des exactions d’une barbarie inouïe ?

Alors que Mendel, un jeune homme fils de rabbin de 19 ans a été la cible de violences et de menaces à caractère antisémites, le lundi 9 septembre dernier, dans un bus de Savigny-sur-Orge (Essonne), à la suite d’une déjà trop longue liste de victimes juives, des personnes assassinées parce que juives, et alors que les écoles juives et les synagogues sont protégées par la police ou l’armée de longue date, en France, en 2024, comment renouer avec l’idéal républicain d’une société fraternelle et sécurisée ?

Si la classe politique, à l’exception d’une gauche qui se déshonore chaque jour un peu plus, comme certains juges qui n’hésitent plus à condamner les antisémites à des peines de prison fermes, ont bien compris les enjeux et les dangers, dans la vie quotidienne des environ 400 000 juifs de France, la plus grosse communauté juive d’Europe, rien ne change : les juifs ont peur ; les juifs se sentent en danger ; les juifs sont encore et toujours des cibles “faciles” et d’éternels boucs émissaires, rendus responsables bien malgré eux de la misère du monde.

Contrairement aux poncifs éculés, les juifs ne se plaignent pas ; les juifs savent que l’antisémitisme fait partie intégrante de la société. 39-45 c’est terminé : les juifs sont en mode combat et soutiennent leurs soutiens ; ils se battent avec leurs armes, associations, procédures, assignations plaintes pénales.
Un ami me l’a rappelé il y a peu : « Nous sommes tous le bon juif de quelqu’un. »

F. S.

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