Islamisme, extrêmes politiques et trahison républicaine : sortir du piège
Par Fadila Tatah
Publié le 2 juin 2025

© Dessin de Fadila Tatah
Je viens d’une culture musulmane. Ma mère ne porte pas le voile, mes parents ne jugent personne à sa manière de vivre ou de croire. Et c’est justement parce que je connais ce monde de l’intérieur que je sais ce que l’on subit quand certains veulent transformer une culture en prison. Je vois comment l’islam est instrumentalisé, détourné, utilisé comme levier de pouvoir. Ce n’est pas de la foi. C’est une idéologie. Et il faut avoir le courage de le dire : les islamistes pourrissent la vie des familles paisibles. Ils culpabilisent à coup de « h’ram », isolent, imposent leurs normes, parlent à la place des autres, en particulier des femmes.
Le jeu dangereux des extrêmes politiques
À cette pression religieuse s’ajoutent deux discours politiques qui l’amplifient.
D’un côté, des figures et courants de gauche radicale qui répètent aux jeunes issus de l’immigration qu’ils sont détestés, discriminés, rejetés. À force de les persuader qu’ils n’ont pas leur place en France, ils fabriquent du ressentiment, de la méfiance, et laissent le champ libre aux islamistes pour se présenter en défenseurs.
De l’autre côté, l’extrême droite, qui amalgame, stigmatise et déshumanise. Elle parle d’“invasion”, de “religion incompatible”, de “civilisation ennemie”. Le résultat est le même : on pousse les jeunes à choisir un camp. À se radicaliser par repli ou par rejet.
Une jeunesse en rupture, abandonnée des deux côtés
Dans de nombreux quartiers, une partie de la jeunesse grandit sans repères, sans cadre, sans limites. L’école est souvent disqualifiée. La parole parentale est affaiblie. Et les réseaux sociaux ont remplacé l’éducation par l’algorithme : celui de la brutalité, de la défiance, de la mise en scène de la violence. Ce que l’on appelle « l’ensauvagement » n’est pas un fantasme.
C’est une réalité où on est confronté à un langage ultra-violent, un rejet de toute autorité, un mépris de la loi, une glorification de la transgression… Une partie de cette jeunesse, en rupture totale, ne se reconnaît ni dans la République, ni dans la France, ni même parfois dans ses propres origines. Il devient alors difficile, voire impossible, de demander à une société blessée, parfois agressée, de faire preuve d’empathie. C’est ce vide éducatif et symbolique qui permet aux extrémismes de prospérer : islamisme, identitarisme, radicalité politique.
Ce que disent les pays musulmans eux-mêmes
Ce que la France refuse encore de faire, de nombreux pays à majorité musulmane l’ont déjà fait : identifier les Frères musulmans comme une menace politique, pas comme un courant spirituel.
En Égypte, leur pays d’origine, ils sont classés organisation terroriste depuis 2013, après leur tentative de prise de pouvoir. En Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, leurs réseaux ont été interdits, leurs activités coupées net. En Jordanie, leurs bureaux ont été fermés. Au Maroc, le roi Mohammed VI les a écartés du champ politique après leur passage au pouvoir. En Tunisie, le mouvement est désormais marginalisé après avoir montré son double jeu. Même en Russie où ils sont considérés depuis longtemps comme une menace d’ingérence et de radicalisation.
Ces États — religieux, laïcs, monarchiques ou autoritaires — ont tous vu dans les Frères musulmans un projet politique structuré, internationalisé, dangereux. Pendant ce temps, en France, ils continuent à tisser leur influence dans des associations, des mosquées, des structures “culturelles” — parfois même financées par des subventions publiques. Leur discours s’adapte, se camoufle, mais vise toujours à créer une société parallèle.
Un trio qui se comprend
Ce phénomène ne s’installe pas seul. Il prospère sur un terrain miné par la confusion idéologique. Les islamistes, qui imposent leur autorité au nom du sacré. Les extrémistes de gauche, qui les couvrent au nom de l’antiracisme. Les extrémistes de droite, qui les utilisent pour justifier la haine. Trois discours qui s’alimentent, trois idéologies qui se nourrissent les unes des autres. Trois forces qui effacent les nuances, les libertés, et la citoyenneté.
La laïcité est souvent mal comprise par les jeunes

Beaucoup de jeunes croient que “laïc”, ça veut dire “athée”. Certains pensent même que la laïcité est une manière cachée d’attaquer uniquement les musulmans. Et cette confusion est entretenue, parfois volontairement, par ceux qui veulent attiser les divisions. La laïcité ne veut pas dire être contre la religion. Elle ne vise pas les musulmans. Elle garantit à chacun — croyant ou non — le droit de croire, de ne pas croire, de douter, de changer d’avis, sans pression ni menace. Elle n’interdit pas la foi. Elle interdit qu’une foi impose ses règles à toute la société. Ce principe protège tout le monde : les musulmans, les chrétiens, les juifs, les athées, les agnostiques. C’est ce qui empêche qu’un seul groupe impose sa vision du bien, du mal ou du sacré aux autres. Défendre la laïcité, ce n’est pas attaquer l’islam. C’est refuser que n’importe quelle religion devienne un pouvoir politique.
Ce n’est pas “l’islam” qu’il faut surveiller. Ce n’est pas : “les musulmans”, qu’il faut stigmatiser. Mais il est urgent d’identifier — et de nommer — ceux qui utilisent la religion comme un outil de pouvoir, de soumission, de conquête idéologique. La laïcité n’est pas négociable. Elle protège les croyants, les non-croyants, les agnostiques, les ex-musulmans. Elle protège la paix civile.
Le silence et l’apostasie dans l’islam
Le musulman, où qu’il soit dans le monde, n’a pas le droit de critiquer l’islam, de faire du prosélytisme d’une autre religion, de quitter l’islam. Il fait partie de la Oumma, et s’il vit dans un pays musulman, il sera, selon les pays : châtié, emprisonné, fouetté, condamné à une amende, pendu, lapidé, ou visé par une fatwa s’il vit en Occident. L’apostasie dans l’islam n’a pas de frontières. Un musulman appartient à la Oumma. Ils disent : “tu nais musulman, tu meurs musulman”.
Garder le silence est la première chose que nos parents nous ont appris à faire, et ceci, pour notre protection. Ils nous ont toujours dit de ne jamais critiquer l’islam en dehors des murs de la maison. C’est ce qui se transmet de génération en génération. C’est un réflexe si intégré qu’on oublie parfois qu’on a été conditionné dès l’enfance à nous taire.
L’islamophobie, une arnaque des Frères musulmans
L’islam peut se défendre tout seul. Il n’a pas besoin d’une loi interdisant qu’on critique cette religion. L’introduction d’un délit d’islamophobie est la marque des Frères musulmans, qui auront réussi à faire en sorte qu’un pays laïc interdise la critique d’une religion.
F. T.
(*) Artiste, auteure
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