Algérie
Pour ne pas oublier ceux du 5 octobre 1988
Il y a trente-six ans, en octobre 1988, de violentes émeutes éclataient à travers l’Algérie, entraînant la chute du système du parti unique, soutenu par la puissante armée, qui exerçait un contrôle autoritaire sur la société. Une semaine après le début des troubles, un bilan provisoire faisait état de 500 morts et de milliers d’arrestations.
Par Par Kamel Bencheikh
Publié le 5 octobre 2024
En effet, depuis 26 ans, la société algérienne suffoquait sous le régime du parti unique du Front de Libération Nationale (FLN).
Les pénuries et la hausse des prix ont créé un climat de mécontentement social, menant à des émeutes violentes dans la nuit du 4 au 5 octobre à Bab El Oued, un quartier populaire d’Alger. Le mouvement s’est rapidement étendu le 5 octobre à toute la capitale, puis à d’autres villes du pays. Face à l’ampleur des troubles, l’état de siège a été proclamé et l’armée a été mobilisée pour rétablir l’ordre. Les événements d’octobre 1988 ont profondément bouleversé l’État et la société algériens.
Bien que les islamistes aient démontré leur savoir-faire en matière de mobilisation populaire, ils n’étaient pas à l’origine de ce soulèvement, largement spontané. Dans le camp démocratique, un mouvement s’est formé pour s’opposer à l’absolutisme, tentant de s’organiser. Une association nationale contre la torture, créée à la fin du mois d’octobre, a réuni des universitaires et des syndicalistes. Les revendications portaient sur la nécessité de réformes profondes, la fin du système du parti unique, ainsi que sur les libertés démocratiques.
La fin d’une époque
Le choc de ces événements a marqué la fin d’une époque. Le bouleversement a été tel que la transition vers le multipartisme s’est rapidement organisée. De nouveaux journaux ont vu le jour, des partis interdits depuis longtemps ont refait surface, et des revendications culturelles, notamment sur la légitimité de la berbérité, ont été publiquement exprimées.
Après ces événements, une véritable course s’engage pour déterminer si le « pôle démocratique » ou le « pôle islamiste » parviendra à combler le vide laissé par le FLN, l’ancien parti unique. Bien que l’Algérie ait connu un bref moment d’euphorie démocratique, elle sombrera rapidement dans la spirale tragique de la violence islamiste, causant plus de 200 000 morts au cours de la décennie noire des années 1990.
Le « printemps algérien »
Les événements d’octobre 1988 restent l’une des étapes les plus marquantes de l’histoire algérienne. Bien qu’ils aient été douloureux, ils ont ouvert une brèche vers l’espoir de renouveau. Certains les appellent le « printemps démocratique », tandis que d’autres préfèrent le terme de « printemps algérien » mais malheureusement, les frimas de l’hiver ont continué à imposer leur froidure.
Depuis cette date tragique, il n’y a ni commémoration officielle ni célébration de cet anniversaire. Pourtant, c’est ce bouleversement, véritable coup de tonnerre dans le ciel algérien, qui a permis au pays de tourner la page du système du parti unique, qui étouffait la vie politique. Bien que cette épopée ne soit pas commémorée, elle reste profondément ancrée dans la mémoire collective. Cette date symbolise la quête pour laquelle tant de jeunes ont sacrifié leur vie : la liberté.
Il est donc essentiel, année après année, de se souvenir de ces centaines de jeunes fauchés en pleine fleur de l’âge et de ne jamais oublier leur sacrifice, de ne jamais en faire litière.
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