La question se pose, la réponse est claire
Le hidjab, tenue traditionnelle ou uniforme islamiste ?
D’aucuns (pour ne pas dire : nombreux sont ceux qui) pensent, par ignorance, que le hidjab est un habit traditionnel, maghrébin, arabe, musulman, trois qualificatifs qui, pour eux, se confondent dans une sorte de notion unique.
Par Cherif Berkache
Publié le 24 octobre 2024
Ces gens-là qui croient que le hidjab est un habit traditionnel regardent les pays dits “arabes” ou “musulmans” de loin, ne connaissant rien à leurs traditions et n’y ont le plus souvent jamais mis les pieds, sinon un pied à l’aéroport et l’autre dans un hôtel.
Le hidjab n’existait pas il y a quarante-cinq ans en Afrique du Nord.
Oui, il existe des habits traditionnels, tels que la robe kabyle et les robes traditionnelles d’autres régions d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Lybie, d’Égypte, du Niger, du Mali ou du Sénégal, des tenues qui n’ont rien à voir avec le hidjab. D’ailleurs, le hidjab n’existait pas il y a quarante-cinq ans en Afrique du Nord. Par contre, le hidjab est un habit traditionnel d’Arabie et, historiquement, du Moyen-Orient de manière générale. Le hidjab existait déjà avant l’islam. Alors pourquoi on dit voile islamique ? Il est vrai que cette idée est largement répandue auprès des musulmans, dominés par les salafistes, les Frères musulmans, la doctrine wahabite.
Parmi les réformistes dans l’islam de nos jours, une figure de ce mouvement réformiste, particulièrement singulière, s’oppose à cette idée de l’obligation pour la femme de porter le hidjab ou le voile ; elle-même, puisqu’il s’agit d’une femme, ne porte pas le voile ; et elle est imame !
Toutefois, il existe des imams, des théologiens de l’islam qui sont à contrecourant, qui affirment que le hidjab n’est pas un habit islamique, expliquant qu’il n’y a pas d’habit islamique. Parmi les réformistes dans l’islam de nos jours, une figure de ce mouvement réformiste, particulièrement singulière, s’oppose à cette idée de l’obligation pour la femme de porter le hidjab ou le voile ; elle-même, puisqu’il s’agit d’une femme, ne porte pas le voile ; et elle est imame ! Elle est franco-algérienne et son nom commence à être connu du grand public : Kahina Balhoul. Après des études de droit et une carrière dans les assurances, elle change de cap, se lance dans des études de théologie et obtient un master 2 en islamologie à l’École pratique des hautes études avant de poursuivre un doctorat sur la pensée d’un théologien soufi du XIIe siècle.
Les femmes originaires d’Afrique du Nord vivant en France ne se voilaient pas dans les années 60 et les années 70.
On peut être tenté de contester le raisonnement et le positionnement développés ici par la liberté de s’habiller comme on l’entend. La question se pose d’elle-même : Quelle est la part de liberté dans le port du voile ? Si le voile, ce n’est pas de la politique, de l’idéologie, du wahabisme, du salafisme, de l’islamisme -terminologie au choix-, comment expliquer qu’avant la propagation de cette idéologie en France, en Europe, en Occident, dans le monde, cette question du hidjab ne se posait pas ? Un fait que les plus jeunes ne connaissent pas et dont les plus vieux se souviennent : les femmes originaires d’Afrique du Nord vivant en France ne se voilaient pas dans les années 60 et les années 70.
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