Déclenchée à Creil en 1989

La bataille du voile n’est pas terminée

Une nouvelle affaire de voile a surgi cette semaine dans l’actualité en France, dans un lycée de Tourcoing, près de Lille, quand une enseignante a interpellé une élève et lui a demandé d’ôter son voile qu’elle avait mis à l’intérieur de l’établissement avant de sortir. Nouvelle affaire car l’histoire du voile à l’école a commencé il y a trente-cinq ans.

Par Cherif Berkache

Publié le 10 octobre 2024

La bataille du voile n’est pas terminée

Tout a commencé lors de la rentrée scolaire de l’année 1989, au début du mois d’octobre, lorsqu’à Creil, dans l’Oise, trois collégiennes, deux sœurs d’origine marocaine et une fille d’origine tunisienne, refusent d’enlever leur voile à l’intérieur de l’établissement scolaire qu’elles fréquentaient. S’en suivra quinze ans d’indécision au niveau de l’État qui créera une situation ingérable, avec des affaires de voile qui apparaissaient ici et là. Le gouvernement socialiste de Lionel Jospin faisait du en même-temps (Macron n’a rien inventé !), invoquant la laïcité tout en mettant en garde contre “l’exclusion”. Cela devenait intenable ! Les directeurs d’école expulsaient, les juges annulaient ces décisions.

Après des années de tergiversations, la loi de 2004

L’indécision du gouvernement, de l’État allait se dissiper avec le changement de pouvoir et la victoire de Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 2002. Deux ans plus tard, le 15 mars 2004, est promulguée la loi interdisant le port de signes religieux ostentatoire dans les établissements scolaires. Après de longues années de tergiversations, l’État fait enfin montre de clarté et de cohérence, d’intransigeance et de fermeté. Il a joué son rôle tout simplement. Et cela a fonctionné ; il n’y aura plus d’affaires de voile à l’école.
Toutefois, si la loi de 2004 a mis un frein certain à l’usage politique du voile, elle n’y a pas mis fin. La bataille du voile reprendra dans divers segments de la société, y compris à la périphérie de l’école. En 2008, éclatera une escarmouche appelée “l’affaire de la crèche Baby Loup”, à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. Une employée de cet établissement, d’origine marocaine, a été invitée à respecter le règlement intérieur de l’établissement et ôter son hidjab sur son lieu de travail avant de faire l’objet d’une mise à pied puis d’un licenciement.

Des failles au sein des institutions

Cet épisode a montré qu’il existait encore des failles au sein des institutions quant à la réaction à adopter face aux coups que tente de porter l’islamisme à la république. Suite à son licenciement, en décembre 2008, l’ex-employée saisit les prud’hommes qui donnent raison à la direction de la crèche, en décembre 2010 ; cette décision est confirmée par la cour d’appel de Versailles, en octobre 2011. Mais ce n’est pas fini ! En mars 2013, la Cour de cassation annule le licenciement ; en novembre de la même année, la cour d’appel de Paris confirme le licenciement et, enfin, en juin 2014, la Cour de cassation rejette le pourvoi de la plaignante. Ces péripéties judiciaires démontrent, si besoin est, combien la question du voile dit islamique est loin d’être tranchée au sein des institutions de la république. Que ce soit en ce qui concerne l’école ou d’autres structures qui accueillent des enfants.

Vide juridique

En 2019, le 11 octobre, éclata une nouvelle affaire de voile dit islamique quand un élu du Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté sollicite la présidente de la région, en pleine assemblée plénière, pour qu’elle demande à l’accompagnatrice d’un groupe d’élèves qui vient d’entrer dans la salle de retirer son voile. Il n’est pas interdit à une parente d’élève de porter le voile au cours d’une sortie scolaire, cela n’est pas prévu dans la loi de 2004; en même temps, les sorties scolaires sont un prolongement de l’école et même incluses dans le temps scolaire. Nous sommes devant un vide juridique. Et les vides juridiques, les islamistes, ils adorent !

De Creil en 1989 à Tourcoing en 2024, les islamistes ne lâchent pas l’affaire et ce malgré la loi de 2004.

Ch. B.

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