LE JOURNALISTE-ECRIVAIN DANS UN COMA PROFOND
Rupture publie ici un article d'Alger républicain, édition du 27 mai 1993, signé Karim M. (Karim Maloum).
Par Rédaction Rupture
Publié le 2 juin 2025

La Une du quotidien Alger républicain du 27 mai 1993.
LES CIRCONSTANCES DE L’ATTENTAT
Mme DJAOUT :
« UN COUP DE FEU.
JE ME PRECIPITE AU
BALCON. MON MARI GISAIT DANS UNE MARE DE SANG… »
L’écrivain-journaliste, Tahar Djaout, 38 ans, père de trois enfants, connu pour son talent qui avait l’odeur du pays et pour ses positions tranchées en faveur d’un État républicain et moderne, a été victime hier matin d’un lâche attentat à 50 mètres de son domicile sis à la cité des 600 Logements de Baïnem dans la banlieue d’Alger.

D’après les témoignages recueillis sur place, une personne le guettait à sa sortie de chez lui dans le parking.
Son épouse, encore sous le choc, entourée de ses proches parents, nous apprend la gorge nouée que vers 9h, Tahar comme à l’accoutumée, a quitté le domicile pour rejoindre son véhicule au parking, « quelques secondes après, j’ai entendu un coup de feu. Je me suis précipitée au balcon pour voir ce qui se passait… j’aperçus un individu dans la voiture de mon mari qui, lui, gisait à côté dans une mare de sang. Le tueur prit la fuite à bord du véhicule de mon mari », une Peugeot 309 de couleur blanche.
Un témoin de l’odieuse scène nous fit part de la présence, à 100 mètres du lieu du crime, de trois individus à bord d’un véhicule, assurant probablement la couverture de leur complice, avant de prendre la fuite une fois le forfait accompli.
Selon une source policière, la voiture de Tahar Djaout a été abandonnée par les terroristes à l’entrée de Ain Benian au lieu-dit « Grand Rocher ».
Un autre véhicule aurait servi, dit-on, de relais, à la fuite des auteurs de l’attentat. Il s’agit sans doute du même véhicule signalé plus haut par notre témoin.
Tahar Djaout a été admis presque immédiatement après à l’hôpital de Baïnem dans un état jugé très « critique ».
Il a été atteint par une balle à la tempe, ce qui a provoqué des « lésions cérébrales profondes. »
Les médecins ont tenté de le réanimer, récupérant ainsi l’activité cardiaque, mais la gravité de la blessure l’a plongé dans un coma profond.
Tahar Djaout, comme d’autres confrères honnêtes recevait régulièrement des lettres de menaces depuis, déjà, le temps où il était à Algérie Actualité.
Ces menaces ont fini par tellement se banaliser, qu’il ne les prenait plus au sérieux.
Le nom de Tahar Djaout a été mêlé depuis longtemps au combat démocratique. Le journaliste ne s’est jamais tu dans des situations critiques où le silence opportuniste est de règle.
Karim M.
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