L’Iran a-t-il la capacité de produire l’arme nucléaire en deux semaines ?

Derrière sa rétractation, il y a peut-être la peur, s’il touche à Fordow, le principal centre iranien d’enrichissement de l’uranium, de voir le régime des mollahs s’attaquer aux bases américaines dans la région, la plus importante étant celle du Qatar. 

Au cours de la réunion du G7 du 17 juin 2025, l’ensemble des participants, dont la France, ont déclaré que l’Iran représentait la principale source d’instabilité et de terrorisme dans la région, et qu’il n’était pas question qu’il détienne l’arme nucléaire. Mais encore? Si l’Iran était près d’avoir l’arme nucléaire, que comptaient-ils faire pour l’en empêcher et tenir l’engagement qu’ils avaient pris en signant le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ?

Ce qu’on ne dit pas, c’est que l’Iran possède la quatrième plus grande réserve de pétrole du monde (estimée à 157 milliards de barils), et la deuxième réserve prouvée de gaz (32,1 trillions de m². Il suffirait d’utiliser à faire fonctionner des centrales électriques, un peu de ce gaz ou de ce pétrole, ou encore, les milliards de mètres cubes de gaz que le régime des mollahs brûle inutilement par torchage chaque année. Mais les Iraniens sont fortement rationnés en électricité. Ils ne sentent pas qu’on cherche leur confort quand on leur promet une énergie moins polluante, puisque la construction de ces centrales nucléaires, outre son prix, est extrêmement polluante. La construction de la centrale d’enrichissement de l’uranium de Fordow a ainsi été extrêmement coûteuse en énergie. Le régime a creusé une montagne à la pierre très dure pour que la centrale échappe aux regards et soit protégée des obus par une hauteur de 80 à 100 m. 

Il n’est pas certain qu’elle puisse être détruite, mais en tout cas, l’armement israélien ne pourrait pas le faire. En revanche, les États-Unis possèdent une bombe massive (MOP) ou«bunker buster» de 13.600 kilogrammes, capable de pénétrer dans le sol. Ils sont les seuls à posséder le bombardier qui peut la porter, le Rockwell B-1 Lancer, et le Northrop B-2 Spirit. Il en faudrait plusieurs pour accéder aux salles de centrifugeuses souterraines de Fordow (près de Qom) et les détruire. La protection, en effet, est bien plus épaisse que les 30m sous lesquels se cachaient le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, son état-major et un responsable iranien. 

Une telle explosion provoquerait un tremblement de terre bien plus grand que celui de l’explosion qui tua Hassan Nasrallah. Ce dernier se trouvait à 30m sous terre, et non sous une masse de granite de près de 100 mètres d’épaisseur.

Le problème est que Fordow se trouve dans la région de Qom, une des zones hautement sismiques de l’Iran. Et l’Iran se trouve entre les plaques tectoniques sur les lignes de faille arabique et eurasienne. Chacune de ces plaques possède son activité propre et se meut dans un sens différent. Et elles se percutent fréquemment, causant des secousses sismiques très importantes. 90% du territoire iranien est soumis à ce danger.

Après le bombardement de Fordow, d’ailleurs, il y a eu le 15 juin un tremblement de terre de petite magnitude à Qom, probablement dû au bombardement justement. Qu’arriverait-il si des bombes géantes parvenaient à briser un gigantesque pan de montagne en pierre très dure ?

L’Iran peut-il construire la bombe en deux semaines ?

Le manque de transparence de l’Iran face aux inspecteurs de la TNP, ont récemment confirmé que les dires de l’Iran ne correspondaient pas à ce qui était caché. Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), n’avaient pas droit à faire leurs vérifications, alors même qu’on constatait un volume extrêmement important d’acquisition d’uranium dans les ex-républiques soviétiques – sur ce plan, le démantèlement de l’URSS a été une catastrophe, car il a mis des matières chimiques et nucléaires à la portée de n’importe qui, y compris al-Qaïda.

Parallèlement, des centaines de personnes étaient formées pour devenir spécialistes dans les divers domaines de la recherche nucléaire. « Une chose est sûre, a déclaré Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, début juin. Le programme [iranien] est vaste et profond. »

Reste à savoir si l’Iran est aussi près de produire la bombe nucléaire, comme le disent les Israéliens et les Américains.

Il est évident que dans la mesure où tout n’a pas été détruit, ils vont hâter la fabrication de la bombe pour pouvoir l’utiliser avant de tout perdre. 

Mais sont-ils assez avancés pour pouvoir le faire?

Fereydoun Abbassi-Dava pouvait répondre à cette question. Physicien spécialisé dans le domaine du génie nucléaire, c’est lui qui avait dirigé l’Organisation de l’Énergie Atomique d’Iran entre 2011 et 2013. Les Israéliens l’avaient mis en tête de liste: il fut un des premiers qu’ils tuèrent le 13 juin. Il était d’ailleurs depuis des années dans leur viseur, et ils avaient tenté de le tuer en 2010: il avait gardé la vie sauve parce qu’il avait sauté de sa voiture à temps.

«Avons-nous la capacité de construire la bombe nucléaire?» lui demanda en mai un journaliste dans une émission télévisée iranienne. Fereydoun Abbassi-Dava répondit avec fougue: «Bien sûr que oui. Je peux vous le dire avec certitude… Si nous le voulons, bien sûr que nous pourrions la construire.»

L. M. N.

^{(*) Historienne, spécialiste de l’islam et des grands mouvements djihadistes au Moyen-Orient}

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