Ibtissem Hamlaoui, la femme qui murmure dans l’oreille de Tebboune
Les avis divergent. Certains cercles algériens présentent Ibtissem Hamlaoui, la patronne du Croissant-Rouge algérien, comme une « très proche » d’Abdelmadjid Tebboune. Dans un pays où tout est tabou, d’autres voix, sous couvert, d’anonymat, lui prêtent une relation plus intime.
Par Mohamed Sifaoui
Publié le 5 novembre 2025

À la tête du Croissant-Rouge algérien depuis mai 2022, Ibtissem Hamlaoui est également présidente de l’Observatoire national de la société civile.
Depuis quelques mois, le nom de cette femme d’influence revient avec une insistance tranquille. Militante du FLN, la trentenaire qui se présente comme spécialiste en « chirurgie cardiovasculaire » n’a jamais terminé sa spécialité et d’après nos vérifications, elle n’a guère fait plus de deux ans d’études à Lille, alors qu’elle était venue en France en 2015 pour suivre justement un cursus qui lui aurait permis d’accéder à la spécialité dont elle se réclame aujourd’hui.
Selon un médecin qui l’a bien connue entre 2015 et 2017 quand elle était à Lille, elle était arrivée en France avec un statut de FFI, en d’autres termes, « faisant fonction d’interne », mais le praticien ajoute sur un ton ironique « je ne suis pas sûr qu’elle ait dépassé le stade du prélèvement de la saphène [les varices] ». Cela ne l’empêche pas pour autant d’exhiber sur son profil Linkdin le pompeux titre de « médecin, chirurgien cardiovasculaire ». Serait-ce une usurpatrice ? En tout état de cause, d’aucuns seront intéressés de voir de plus près le diplôme qu’elle aurait obtenu en France.
À la tête du Croissant-Rouge algérien depuis mai 2022, et présidente de l’Observatoire national de la société civile, Ibtissem Hamlaoui incarne cette nouvelle génération de femmes issues des cercles proches du pouvoir, dont l’autorité n’est plus à démontrer, même si elle reste à interroger. Ce qui fait parler d’elle ces derniers jours, c’est qu’elle a réussi, grâce à ses appuis dans les plus hautes sphères du régime, à faire emprisonner deux personnes qui l’ont critiqué sur les réseaux sociaux : une écrivaine, âgée de près de 70 qui fut finalement relâchée après que son arrestation eut provoqué un vrai tollé sur les réseaux sociaux aussi bien auprès d’Algériens de l’intérieur que ceux de la diaspora.
Par la suite, beaucoup ont appris avec sidération qu’Ibtissem Hamlaoui avait demandé et obtenu l’arrestation d’un employé du Croissant-Rouge algérien qui, selon ses dires, fut arrêté, dénudé, torturé et humilié. La Toile est en feu depuis que cette information a été révélée. Pire, il semblerait que cette femme d’influence s’était même déplacée à la Brigade de gendarmerie qui détenait le pauvre malheureux pour l’injurier et « lui cracher au visage ». Bienvenus dans l’Algérie de Tebboune !
Derrière son regard assuré et sa silhouette discrètement médiatisée, Mme Hamlaoui façonne son image avec soin : celle d’une responsable engagée, moderne, connectée aux besoins de la société civile. Elle sillonne les wilayas, écoute les doléances, prononce les mots-clés du moment. Un positionnement que certains qualifieraient de consensuel, d’autres de stratégiquement utile. Mais derrière cette figure prétendument lisse se cache en vérité une femme redoutable que certains qualifient de dangereuse.
Car Ibtissem Hamlaoui ne se contente pas de diriger un organisme humanitaire ou d’animer des forums d’associations locales. Elle est devenue, en un temps remarquablement court, une figure de passage obligée, un visage connu dans les cercles de décisions. Quelques fois, bien au-delà de ce que les prérogatives de ses fonctions laissent supposer. Une proximité discrète avec certains sommets du pouvoir est souvent évoquée dans les coulisses, avec cette pudeur toute algérienne qui dit beaucoup en ne disant rien lorsqu’on interroge officiellement, mais dès que la discussion est en off, là c’est un autre registre.
Nous ne sommes pas face à des râgots aux relents misogynes ou des rumeurs lancées par quelques envieux. Non selon nos investigations, cette femme fait désormais la pluie et le beau temps à Alger et plusieurs de nos sources évoquent sa « capacité de nuisance » car elle détiendrait quelques « dossiers compromettants » sur certains caciques du régime qu’elle a eu l’occasion de fréquenter intimement.
Il y a là un véritable mélange des genres. L’Algérie de Tebboune offre l’image d’un cirque où tous les clowns sont de tristes sires. Ibtissem Hamlaoui incarne ainsi une forme de pouvoir souterrain, opaque, à l’image du régime. Une autorité qui ne s’impose pas, mais s’insinue. Et qui, dans un pays souvent gouverné par des logiques autocratiques, fait d’elle une figure à observer… avec beaucoup attention.
Nous y reviendrons.
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