La dignité en trompe-l’œil

À chaque différend avec Paris, Alger déploie le grand registre de l’indignation : protestations vibrantes, accusations de manquement aux obligations, leçons de droit international. Mais derrière cette posture, que protège réellement le pouvoir algérien ? Ses citoyens ? La réalité dit autre chose. Ceux qui incarnent l’honneur du pays, comme des journalistes reconnus, comme Farid Alilat, ou des défenseurs des droits fondamentaux, comme Nassera Dutour, se voient parfois interdire l’accès à leur propre patrie, sans la moindre justification. Ils portent un passeport algérien, mais sont traités comme des étrangers importuns.

Par Kamel Bencheikh

Publié le 8 août 2025

La dignité en trompe-l’œil

Quelle fierté nationale peut-on invoquer lorsqu’on ferme les bras aux siens les plus estimables et qu’on refuse de reprendre ceux qui ternissent l’image du pays ?

À l’inverse, lorsque la France cherche à renvoyer des individus dépourvus de titre de séjour, souvent condamnés pour des actes délictueux, la coopération disparaît. Les laissez-passer consulaires se font attendre, les démarches s’enlisent, et le régime algérien préfère dénoncer une atteinte à la « dignité » de l’Algérie plutôt que d’assumer ses responsabilités. Quelle fierté nationale peut-on invoquer lorsqu’on ferme les bras aux siens les plus estimables et qu’on refuse de reprendre ceux qui ternissent l’image du pays ?

En vérité, la position française est claire : appliquer des mesures d’éloignement prévues par la loi à l’encontre de personnes en situation irrégulière. Rien d’inhabituel, rien d’illégal. Mais au lieu de reconnaître que toute nation responsable doit accepter le retour de ses propres ressortissants, le pouvoir algérien s’emploie à brouiller le tableau, à inverser les rôles, et à se poser en victime d’un affront imaginaire.

Lorsqu’un État ne se montre fidèle ni à ses citoyens intègres ni à ses devoirs envers ceux qui se sont mis hors-la-loi, il ne défend plus l’intérêt national : il protège sa duplicité. C’est cette duplicité qui érode la crédibilité internationale, qui transforme les discours officiels en slogans creux, et qui fait passer l’orgueil affiché pour un écran de fumée masquant l’impuissance. La grandeur d’un pays ne se décrète pas devant des micros ; elle se prouve par la cohérence entre la parole et l’action. Aujourd’hui, ce n’est pas la grandeur qui parle au nom de l’Algérie — c’est l’esquive.

K. B.

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