Je suis de gauche, mais pas de leur reniement
Par Kamel Bencheikh
Publié le 30 avril 2025

Kamel Bencheikh avec son ami Boualem Sansal.
Je suis de gauche. Je suis laïque. Et je ne cesserai jamais de l’être. C’est dans mon ADN. Ce n’est pas une posture. C’est un socle. Une respiration. Une fidélité que rien ne fera vaciller.
Mais aujourd’hui, je le dis avec une colère que je n’essaierai pas de masquer : je ne reconnais plus ma gauche. Je la cherche, je l’appelle, je l’espère. Mais elle ne répond plus. À sa place, une imposture bavarde, confuse, couchée. Une gauche qui s’est vendue à la découpe. Qui a troqué l’universel contre des arrangements électoraux. Qui s’est laissé prendre dans les filets du communautarisme. Une gauche islamo-gauchiste, disons-le sans trembler, qui pactise avec les fondamentalistes comme d’autres pactisaient avec les bottes d’hier.
Ma stupeur a viré à la rage quand j’ai vu ces élus, descendants supposés de Jean Jaurès, refuser de voter la résolution européenne demandant la libération de Boualem Sansal. Oui, Boualem Sansal. L’écrivain libre. L’homme debout. L’intellectuel menacé, emprisonné pour avoir osé nommer l’obscurantisme islamiste. Leur non fut une trahison. Une abjection. Une gifle à la face de tous ceux qui croient encore à la liberté, à la fraternité, à l’égalité, pour tous, partout.
Alors il faut le dire, clairement, froidement, crûment : de nouveaux collabos sont là. Ils avancent masqués, mais leurs choix les trahissent. Ils agissent contre la liberté, contre la laïcité, contre l’universalisme. Ils se drapent dans les habits du progrès mais creusent les tombes de nos principes.
Qu’ils sachent que nous ne nous tairons pas. Qu’ils sachent que notre voix ne se pliera jamais devant les prêcheurs de haine, ni devant leurs alliés complices. Être de gauche, ce n’est pas caresser les tyrans à rebours. C’est les combattre. Être laïque, ce n’est pas exclure, c’est protéger. C’est ouvrir l’espace commun à toutes les croyances et à aucune domination.
Ils nous accuseront, comme ils accusent toujours ceux qui résistent. Mais notre crime est clair : nous sommes fidèles. À la liberté. À la vérité. À cette gauche qui a le goût des luttes justes et la mémoire des combats passés.
K. B.
(*) Ecrivain franco-algérien.
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