Il y a quatre ans Samuel Paty était assassiné

Chronique d’une mort annoncée

Il y a quatre ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, était assassiné Samuel Paty, en région parisienne, par un terroriste islamiste, parce qu’il avait montré à ses élèves, au collège où il enseignait, dans un cours sur la liberté d’expression, des caricatures sur le prophète Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Cet attentat est le résultat direct d’une campagne sur internet orchestrée par un réseau islamiste.

Par Cherif Berkache

Publié le 16 octobre 2024

Chronique d’une mort annoncée

Tout commence plusieurs jours auparavant, plus exactement le 5 octobre, après ce cours sur la liberté d’expression, lorsque une élève du collège, qui n’a même pas assisté au cours en question, en parle à son père, lequel déclenche, contre le professeur Samuel Paty, une campagne sur internet, campagne relayée et amplifiée par un activiste islamiste, Abdelhakim Sifraoui. Le professeur est insulté et calomnié, son nom et l’adresse du collège où il travaille sont divulgués. La campagne prend de l’ampleur avec des réactions par de nombreux messages de haine. Parmi les personnes touchées par cette campagne, un réfugié Tchétchène, âgé de 18 ans, du nom de Abdoullakh Anzorov, qui exécutera cette sorte de fatwa lancée sur internet sur la base du mensonge d’une collégienne.

Eventré et décapité

Samuel Paty est professeur d’histoire-géographie dans un collège à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Ce funeste 16 octobre, le professeur, en quittant le collège à la fin de sa journée de travail, est suivi par Abdoullakh Anzorov, venu d’Evreux où il réside, pour l’attaquer, au niveau de la commune voisine d’Éragny-sur-Oise, dans le département du Val-d’Oise. Il lui assénera 17 coups de couteau avant de l’éventrer et le décapiter. Il prendra une photo de la tête découpée et la publiera sur Twitter avec un message de revendication. Le corps de Samuel Paty ne tardera pas à être découvert par des policiers municipaux qui alerteront la Police nationale. Des éléments de la Brigade anticriminalité arriveront rapidement sur les lieux et trouveront l’assassin armé d’un pistolet; les policiers lui demandent de déposer son arme mais le terroriste fonce sur eux en leur tirant dessus à cinq reprises (il s’agit en fait d’une arme factice et les projectiles des billes en plastique), les policiers riposteront sans le tuer, ils s’approcheront de lui et là il essayera de poignardé à la jambe un des policiers, celui lui l’abattra.

Huit mis en cause prochainement devant la cour d’assises de Paris

Le 8 décembre 2023, six anciens élèves du collège où enseignait Samuel Paty, âgés entre entre 13 et 15 ans au moment des faits et accusés d’être impliqués dans l’attentat contre le professeur, ont été condamnés, cinq d’entre eux à des peines allant de quatorze mois de prison avec sursis à deux ans, dont six mois ferme, et la collégienne auteure du mensonge à l’origine de la campagne qui a mené à la mort de Samuel Paty a écopé d’une peine de dix-huit mois de prison avec sursis.
Le procès des adultes mis en cause dans l’affaire Samuel Paty, au nombre de huit, est annoncé pour se tenir devant la cour d’assises spéciale de Paris du 4 novembre au 20 décembre de l’année en cours. Il s’agit de sept hommes et une femme. Deux amis de l’assassin seront poursuivis pour “complicité d’assassinat terroriste”, les six autres pour “association de malfaiteurs terroriste criminelle”.
Quatre ans après la mort du professeur, aujourd’hui, des interrogations demeurent, notamment sur le fait que Samuel Paty soit livré à lui-même, abandonné par sa hiérarchie à ses différents échelons, au moins par sa passivité, dans une affaire qui peut faire penser au roman de Gabriel García Márquez Chronique d’une mort annoncée.

Ch. B.

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