Arié Bensemhoun à Rupture :
“Rien n’est plus urgent que de ramener les otages à leurs familles”
Arié Bensemhoun est membre fondateur du comité exécutif d’Agir Ensemble, mouvement citoyen destiné à lutter contre la montée de l’islamisme en France et dont l’objectif est d’éduquer, informer et mobiliser la majorité silencieuse face aux menaces qui pèsent sur la République.
Arié Bensemhoun est le directeur exécutif d’ELNET (European Leadership Network), une organisation non gouvernementale qui travaille au renforcement des relations stratégiques entre les pays européens et Israël.
Par Entretien réalisé par Karim Maloum
Publié le 9 novembre 2024
Rupture : Ce dimanche marquera les 400 jours de captivité pour les otages des islamistes du Hamas à Gaza. Avez-vous prévu une action ou une cérémonie avec votre association ?
Arié Bensemhoun : Ce dimanche 10 novembre, à 15h, un nouveau rassemblement aura lieu à Paris, dans un lieu encore à définir, pour soutenir les 101 otages toujours retenus par le Hamas à Gaza. L’événement est organisé par “Tous 7 octobre”. Bien qu’on ne soit pas à l’initiative de notre part, ELNET et Agir Ensemble y participeront pleinement.
Ce sera une nouvelle occasion de rappeler l’enfer que vivent les otages, 400 jours après leur abduction, et d’interpeller nos dirigeants pour exiger des actions, alors que deux Français sont toujours concernés.
Pour quelle raison, selon vous, et malgré les pressions, politiques et militaires, notamment avec l’élimination du chef du Hamas à Gaza, les otages ne sont toujours pas libérés ?
Les otages sont l’arme la plus précieuse des terroristes palestiniens. Ils constituent leur assurance-vie et un moyen de forcer Israël à accepter l’inacceptable.
Aujourd’hui, rien n’est plus urgent que de ramener les otages à leurs familles. Cependant, les conditions posées par le Hamas pour leur libération sont absurdes, ce qui est la principale raison pour laquelle les négociations n’avancent pas. Israël ne peut pas accepter un arrêt définitif des combats, le retrait total de ses forces de la bande de Gaza, y compris du “corridor de Philadelphie”, ni la libération de milliers de terroristes palestiniens. Accepter tout cela mettrait en danger la vie de millions de ses citoyens pour les années à venir.
Pour faire plier le gouvernement israélien dans les négociations, le Hamas utilise les otages dans sa guerre psychologique contre la société israélienne.
Le Hamas en est parfaitement conscient. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont enlevé autant de personnes le 7 octobre alors qu’ils auraient pu simplement les exécuter. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles l’opération terrestre contre le Hamas, et maintenant contre le Hezbollah, progresse si lentement et pourquoi Tsahal adopte une extrême prudence : il y a la crainte que des soldats soient capturés.
Pour faire plier le gouvernement israélien dans les négociations, le Hamas utilise les otages dans sa guerre psychologique contre la société israélienne. En août dernier, six otages ont été exécutés parce que Tsahal était sur le point de les libérer ; le Hamas a ensuite diffusé des vidéos de propagande dans lesquelles chaque otage était contraint de dire que s’ils mouraient, ce serait la faute de Netanyahu, qui n’avait pas fait assez pour les sauver.
Le Hamas compte sur la pression de la société israélienne et de la communauté internationale pour faire céder le gouvernement israélien dans les négociations et influer sur le cours de la guerre. C’est pourquoi nous devons résister collectivement à cette guerre psychologique et ne rien céder, aussi dur et cruel que cela puisse être.
Parmi les 101 otages déclarés encore en vie, il y a deux Français, Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon. Que pensez-vous des démarches entreprises par la France pour leur libération ?
Les démarches de la France ne sont pas seulement insuffisantes, elles sont contreproductives. La diplomatie française ne comprend pas la rhétorique du Hamas et semble ignorer que les otages sont utilisés comme des armes de guerre. Israël ne peut légitimement pas céder à toutes les exigences d’une organisation terroriste pour leur libération.
Au lieu de mettre la pression sur les terroristes pour qu’il fasse des concessions lors des négociations, la France choisit de faire pression sur Israël, ce qui est à la fois ridicule et indigne.
En insistant constamment sur un cessez-le-feu, en exerçant des pressions diplomatiques pour entraver les opérations militaires israéliennes, et en sanctionnant Israël dans les instances internationales pour une guerre qu’il n’a jamais voulu, la France, ainsi que la communauté internationale, joue le jeu du Hamas et leur donne raison de temporiser.
Au lieu de mettre la pression sur les terroristes pour qu’il fasse des concessions lors des négociations, la France choisit de faire pression sur Israël, ce qui est à la fois ridicule et indigne.
Que représente pour vous le crime du 7 octobre ?
Le 7 octobre 2023 représente le pire. L’inhumanité à son paroxysme. Une haine du Juif qui rivalise avec celle des pires nazis. Plus d’un an après, il est encore difficile de mesurer pleinement l’ampleur de cette infamie.
Avec les Accords d’Abraham, nous avons peut-être cru, peut-être naïvement, qu’Israël avait enfin réussi à se libérer de la menace d’extermination qui le menaçait jadis. Mais les terroristes palestiniens, la République islamique d’Iran et ses alliés nous ont replongés dans cette brutale réalité.
Le 7 octobre, c’est une faillite. Faillite militaire israélienne qui a permis au Hamas de mener à terme son plan mortifère murement réfléchi. Mais c’est surtout la faillite de l’humanité, celle qui a permis de créer les conditions pour qu’une attaque de cette ampleur soit possible, en contraignant Israël à vivre avec des ennemis mortels à ses portes. Cette même faillite qui n’a jamais pris fin et qui cherche à empêcher Israël de se défendre, d’agir pour que le 7 octobre 2023 ne se produise jamais.
Il est rare de voir une armée commettre un génocide en demandant aux civils d’évacuer la zone ciblée avant d’intervenir. La communauté internationale sait que les islamistes utilisent les habitants de Gaza comme des boucliers humains. Mais certains continuent à parler de génocide. Comment expliquez-vous cette situation ?
Les instances internationales sont gangrenées par les régimes illibéraux, autoritaires et dictatoriaux, qui composent désormais la majorité des États du monde. Les Palestiniens ? Ils n’en ont que faire. Les droits de l’Homme ? Encore moins. Tous ces États ont mené des guerres infiniment plus meurtrières et brutales que ne le seront jamais celles qu’Israël est contraint de mener.
Israël a beau conduire ses opérations avec une prudence et une précaution sans précédent dans l’histoire moderne, cela n’a aucune importance pour eux. Il n’a jamais été question d’être honnête ou cohérent. Le Quatuor du Chaos – Russie, Chine, Corée du Nord et Iran – mène une guerre contre le monde occidental, dont Israël fait partie.
Ce dimanche marquera les 400 jours de captivité pour les otages du Hamas à Gaza. 400 jours de souffrance pour les otages. 400 jours d’attente insoutenable pour leurs familles. Rassemblons-nous pour exiger une fois encore leur libération. Dimanche 10 novembre 2024 à 15h, à Paris
Les alliés d’Israël, en laissant proliférer des récits mensongers sur la Nakbah, la colonisation, l’apartheid et autres, ont permis une diabolisation d’Israël qui se retourne aujourd’hui contre eux. En étant alliés d’Israël, si ce dernier est accusé des pires crimes possibles, alors ses alliés sont, de fait, complices.
Les ambiguïtés et les errements du soutien des démocraties à Israël représentent une faille du bloc occidental, qu’ils exploitent et dans laquelle ils s’engouffrent. Accuser Israël du pire, c’est accuser l’Occident du pire, et donc renforcer l’aversion et les ressentiments du « Sud global » contre l’ordre mondial.
Êtes-vous d’accord avec les observateurs qui considèrent que la France n’a plus de véritable diplomatie au Moyen-Orient, ni une influence sur ce qui se passe dans cette région, que sa parole est devenue inaudible ?
Le déclassement de la France sur la scène internationale n’est pas un phénomène récent. Il s’agit d’un processus qui dure depuis des décennies. Mais les ambivalences, les errements, les revirements depuis le 7 octobre 2023 ont considérablement accéléré ce déclin.
La politique du « en même temps » d’Emmanuel Macron, déjà difficile à comprendre en politique intérieure, devient une absurdité sur la scène internationale.
La France n’est force de proposition sur rien, ne s’inscrit dans aucune dynamique actuelle dans la région, et reste constamment en réaction aux événements. Elle est perçue par la rue arabe comme un ami et allié d’Israël, dont elle se revendique, mais agit avec hostilité envers les Israéliens en cherchant à sauver ses ennemis. Cela n’a aucun sens.
Aujourd’hui, la parole de la France est largement décrédibilisée, notamment auprès de ses alliés, et son influence au Moyen-Orient est presque inexistante. Nous en avons eu la preuve ces derniers mois, où, supposément forte de son ancrage historique au Liban, la diplomatie française a tenté de trouver une solution pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hezbollah. Le résultat est désormais une situation plus dangereuse que jamais.
Pensez-vous que le résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis puisse avoir une réelle influence sur le sort des otages et, d’une manière générale, sur la situation au Proche-Orient ?
Le retour de Donald Trump aura une grande influence sur la situation au Proche-Orient.
Lors de son premier mandat, il s’était révélé comme un allié majeur de l’État juif, le plus pro-israélien des présidents américains, et avait déjà profondément remodelé les dynamiques régionales.
Contrairement à l’administration Biden, on peut s’attendre à ce que l’administration Trump adopte une approche bien plus musclée face à la République islamique d’Iran et à ses proxys.
C’est une merveilleuse nouvelle pour les Accords d’Abraham, dont il est l’initiateur, et qui pourraient s’étendre à d’autres pays arabes, notamment l’Arabie Saoudite.
Contrairement à l’administration Biden, on peut s’attendre à ce que l’administration Trump adopte une approche bien plus musclée face à la République islamique d’Iran et à ses proxys, qui mettent à mal la paix et la prospérité, et avec lesquels il avait déjà montré une extrême fermeté.
Son élection serait globalement une très mauvaise nouvelle pour les ennemis d’Israël, qui feraient bien de négocier ce qu’ils peuvent encore dans les dernières semaines de l’administration Biden, avant qu’il ne soit trop tard.
Le conflit au Proche-Orient gagne les stades de football en Europe, comme cela a été vu ces derniers jours à Paris et à Amsterdam avec des actes visant Israël et les Israéliens. Quelle interprétation faites-vous de ces incidents ?
Le conflit est chez nous en Europe, et ce depuis fort longtemps. Le 7 octobre 2023, le Hamas a déclaré la guerre à Israël et les islamistes qui vivent en Occident ont ouvert un nouveau front contre les Juifs, contre nos sociétés démocratiques, contre nos valeurs universelles.
Après une année de désinformation systématique, d’acceptation d’un narratif mensonger, de délégitimation d’Israël et de sa diabolisation, nous arrivons à un stade de radicalisation extrême où Israël est perçu comme le mal absolu. Dès lors, tout devient justifiable pour lutter contre lui.
Les actes de violence contre les Juifs, au nom de la cause palestinienne, se multiplient, et l’inaction des autorités, qui ont laissé cette situation perdurer pendant plus d’un an, ne fait qu’amplifier leur fréquence et leur brutalité.
Ces incidents illustrent la faiblesse et la lâcheté qui caractérisent notre réponse à l’islamisme, un islamisme qui prospère depuis trop d’années. Aujourd’hui, l’apologie du terrorisme s’est banalisée. Le PSG, plus grand club de football de France, contrôlé par le Qatar, n’hésite même pas à afficher des tifos géants glorifiant le Hamas.
Les actes de violence contre les Juifs, au nom de la cause palestinienne, se multiplient, et l’inaction des autorités, qui ont laissé cette situation perdurer pendant plus d’un an, ne fait qu’amplifier leur fréquence et leur brutalité. Nous passons ainsi d’actes individuels à de véritables pogroms où les Juifs sont chassés dans les rues, comme à Amsterdam.
Nos démocraties sont au bord de l’effondrement face à la haine débridée et à la violence des nouveaux nazis que sont les islamistes radicalisés. Maintenant, il est urgent de se battre, car ce sera eux ou nous.
Envie de lire tous les articles ?
Débloquez immédiatement tous les articles. Sans engagement.