Retour sur l'histoire de la caricature
L’affrontement politique à coups de crayon
Cette semaine, Rupture a consacré un dossier spécial, dix ans après, sur les attentats de janvier 2015 dont celui qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo. Un journal qui symbolise aujourd’hui la caricature et qui fait partie de l’histoire du genre. Retour sur ce genre journalistique, éditorial, artistique.
Publié le 11 janvier 2025
Madame, il n'est pas conseillé d'entrer ! Le Charivari, 16 avril 1877
Apparue en France pour la première fois en 1740, la caricature est une image qui charge, exagère, déforme pour donner à rire et dénoncer. Le roi, Louis XVI , personnage sacré jusqu’alors, devient la cible des caricaturistes.
La Révolution de 1789 va multiplier ces images. La presse royaliste publie, de son côté, des caricatures anti-révolutionnaires.
L’explosion de la caricature politique correspond toujours à des périodes de crise. La Révolution de 1789 va multiplier ces images. La presse royaliste publie, de son côté, des caricatures anti-révolutionnaires tandis qu’en 1793 le Comité de Salut Public demande à un député de multiplier les gravures et les caricatures qui peuvent réveiller l’esprit public et faire sentir combien sont atroces et ridicules les ennemis de la liberté et de la république.
C’est dans Le Charivari que le caricaturiste Honoré Daumier participe à l’invention de son langage; il crée la relation entre texte et image,
Le destin de la caricature politique va être désormais uni à celui de la presse. Les journaux les plus connus sont La Caricature et Le Charivari. C’est dans Le Charivari que le caricaturiste Honoré Daumier participe à l’invention de son langage; il crée la relation entre texte et image, d’abord par l’explication, puis par la légende, dans un dispositif inspiré par la théâtralité et par les arts de la projection.
Au lendemain de la révolution de Juillet, alors que Louis-Philippe a été porté au pouvoir par les journalistes, la presse représente une puissance en plein essor dont bénéficient aussi les artistes, qui contribuent à l’illustration des journaux grâce aux progrès de la lithographie. La caricature devient un langage politique.
L’affaire Dreyfus constitue un autre temps fort de l’histoire de la caricature : la presse satirique s’engage dans la bataille du côté antidreyfusard.
Daumier devient rapidement adulé et détesté. Diffusés uniquement par abonnement, les journaux de caricatures s’adressent sous la Restauration et la monarchie de Juillet à un lectorat fortuné, mais le réseau des lecteurs s’élargit à travers des lectures publiques payantes et citadines qu’offrent les cabinets de lectures.
L’affaire Dreyfus constitue un autre temps fort de l’histoire de la caricature : la presse satirique s’engage dans la bataille du côté antidreyfusard. Certains journaux sont même créés pour l’occasion : Psst (antidreyfusard) et Le Sifflet (dreyfusard). Les dessins y sont généralement présentés en pleine page, ce qui accentue leur charge graphique.
Page couverture du Charivari du 27 février 1834 annonçant le verdict d’un procès contre lui, avec un calligramme en forme de poire.
Caricature antidreyfusarde : Dreyfus pendu
La fin du 19e siècle voit en France l’avènement de la presse marchandise et le développement de la presse populaire. La presse satirique va cependant subsister : de 1901 à 1914, avec le célèbre Assiette au Beurre, à tendance anarchiste, ce sera l’aboutissement de la caricature sociale et de mœurs.
Le mouvement de mai 68 voit l’apparition de Hara Kiri et Charlie Hebdo sur le registre de la provocation vis-à-vis du public bien-pensant et de ses valeurs.
Le dessin de presse va progressivement remplacer la caricature et la formation, le statut et les pratiques des dessinateurs de presse évoluent. Ils se revendiquent dessinateurs-journalistes.
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