Il a été assassiné le 2 novembre 1982
Kamel Amzal, la première victime des islamistes en Algérie
Kamel Amzal est mort le 2 novembre 1982, assassiné par des islamistes; il avait vingt ans et était étudiant à Alger, à la Fac Centrale. Il sera la première victime de l’islamisme en Algérie.
Par Par Cherif Berkache
Publié le 2 novembre 2024
Les faits se sont passés à la cité universitaire de Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger. Venant de la Haute Kabylie, Kamel Amzal (Madjid pour les intimes) était un militant berbériste (berbériste : qui lutte pour la reconnaissance de l’identité berbère) et activait au sein d’un mouvement d’extrême gauche. En ce début novembre 1982, une sorte de bataille électorale pour le renouvellement du “comité de cité”, aux enjeux politiques qui dépassaient le cadre universitaire, était à son paroxysme entre, d’un côté, des berbéristes et des militants d’extrême gauche et, de l’autre côté, des islamistes tendance Frères Musulmans qui avaient sous leur contrôle le comité depuis mai 1981.
Les étudiants berbéristes et d’extrême gauche préparaient activement l’assemblée générale élective pour le renouvellement du comité de cité. Des réunions régulières étaient tenues et une marche a été organisée à l’intérieur de la vaste cité universitaire afin de sensibiliser les étudiants à voter massivement et contre les islamistes. Pour leur part, les étudiants Frères Musulmans recevaient des renforts de leurs congénères non-étudiants de plusieurs quartiers d’Alger.
Kamel Amzal était avec ses camarades (dont le journaliste El Kadi Ihsane qui vient de sortir de prison, ce 1er novembre 2024, après près de deux ans de détention). En discussion, l’appel qu’ils devaient afficher au foyer de la cité où était prévue la tenue de l’assemblée générale élective.
Ce fatidique 2 novembre, en début de soirée, Kamel Amzal était avec ses camarades (dont le journaliste El Kadi Ihsane qui vient de sortir de prison, ce 1er novembre 2024, après près de deux ans de détention). En discussion, l’appel qu’ils devaient afficher au foyer de la cité où était prévue la tenue de l’assemblée générale élective. Dans le foyer, les islamistes étaient présents en nombre; parmi le groupe des berbéristes et des militants d’extrême gauche, une certaine réticence s’était exprimée, mais la majorité était pour l’action d’affichage malgré la certitude d’une réaction violente de la part des Frères Musulmans.
Un islamiste lança un Allahou Akbar et c’était l’assaut contre les étudiants berbéristes et d’extrême gauche parmi lesquels plusieurs allaient être blessés, certains grièvement; les Frères Musulmans étaient armés de sabres.
Madjid prit l’affiche et invita ses camarades à le suivre en direction du foyer; ils se mirent autour de lui pour le protéger. Sur place, un islamiste lança un Allahou Akbar et c’était l’assaut contre les étudiants berbéristes et d’extrême gauche parmi lesquels plusieurs allaient être blessés, certains grièvement; les Frères Musulmans étaient armés de sabres. Dans le foyer, c’était la confusion totale. Le groupe de Kamel Amzal s’était éparpillé. Les blessés ont été emmenés par d’autres étudiants à l’hôpital.
C’est dans un commissariat, où il était entendu dans le cadre de l’enquête sur les incidents survenus à la cité universitaire de Ben Aknoun, qu’un très proche de Kamel Amzal et activant dans le même groupe de la cité universitaire apprit la mort de son ami Madjid.
Dix ans plus tard, en 1992, c’est le début d’une longue série d’attentats à travers l’Algérie; les islamistes ont déclenché une guerre civile.
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