Un an plus tard, Emmanuel Macron et la débâcle de la dissolution de l’Assemblée nationale
Il y a un an, la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale faisait l'effet d'une bombe. La décision de tenir des élections législatives anticipées le soir des européennes, le 9 juin 2024, visait à clarifier le débat public et à éviter l'immobilisme. Un an après, elle a, au contraire, aggravé les difficultés politiques et engendré un affaiblissement des institutions et une crédibilité politique "écornée".
Par Karim Maloum
Publié le 7 juin 2025

Emmanuel Macron annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale, le 9 juin 2024.
Une année après cette dissolution, les rapports de force politiques n’ont pas beaucoup évolué. Le macronisme, que l’on annonçait tous les jours comme éteint, est bel et bien en vie. Le PS et LR, les anciens partis de gouvernement, n’ont pas réussi à se reconstruire réellement depuis l’arrivée au pouvoir du Président et après la dissolution.
Un sentiment d’immobilisme dû à une absence de majorité, même relative, pour le gouvernement à l’Assemblée nationale, où trois forces politiques s’affrontent. La répartition des sièges entre le Nouveau Front Populaire, le Bloc central et le Rassemblement National complique considérablement l’exercice du pouvoir par l’exécutif.
L’échec du compromis
En réalité, aucun des quatre groupes qui dominent l’assemblée ne peut gouverner seul, ni aujourd’hui, ni demain. Cette fragmentation aurait dû provoquer une coalition basée sur la culture du compromis. Les dirigeants politiques continuent de se comporter comme s’ils étaient capables de gouverner seuls. Il suffit d’échahger avec ses amis, collègues et pendant les repas de familles pour se rendre compte que les francais ont du mal a comprendre le refus des compromis pour faire des réformes, combattre l’islamisme et vivre en harmonie.
Selon un sondage réalisé par Yougov pour Le HuffPost, ils sont toujours une grande majorité (74 %) à estimer, un an plus tard, que ce n’était pas une bonne décision. Notamment au regard de la situation politique actuelle. Les plus mécontents se trouvent chez les électeurs de gauche puisque 81 % d’entre eux ne trouvent pas la dissolution pertinente.
Il est étonnant de constater que les électeurs RN sont également parmi les plus réfractaires à la décision. Ils sont 82 % à juger la dissolution non pertinente.
Tous les observateurs et ananalystes ont trouvé que cette dissolution est hasardeuse. Lors de ses vœux télévisés, le 31 décembre 2024, alors que le gouvernement de Michel Barnier était déjà en place et que le pays était dans l’incapacité de financer son budget pour 2025, le président de la République admettait pour la première fois publiquement que « la dissolution a apporté, pour le moment, davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français ». « La lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité et j’en prends toute ma part », ajoutait-il.
Gérard Larcher estime que « c’est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »
« Une faute dont nous payons les conséquences aujourd’hui ». Pratiquement un an jour pour jour après la dissolution, Gérard Larcher, le président du Sénat, ne mâche toujours pas ses mots à l’encontre de la décision d’Emmanuel Macron de déclencher des législatives anticipées. Invité ce vendredi 6 juin de l’émission « Sens Public » sur Public Sénat, le deuxième personnage de l’État a évoqué la fragmentation du paysage politique, qui a conduit à une paralysie partielle du parlementarisme, avec une Assemblée nationale privée de majorité. « Nous sommes dans une faible capacité à réformer les choses, c’est l’une des conséquences de la décision du président de la République », regrette Gérard Larcher.
Le président Macron ne sera pas candidat 2027. Cependant, les macronistes sont tous déterminés à jouer les premiers rôles et à présenter un candidat. Ils se positionnent toujours au centre, ni gauche ni droite, une autre forme de populisme.
Le secrétaire général de Renaissance, Gabriel Attal, revendique aussi ce positionnement «central». «Nous ne demanderons pas si nos solutions plaisent à la droite, à la gauche ou aux commissaires politiques de la pensée unique», proclamait-il, le 6 avril lors d’un meeting à Saint-Denis. Même Edouard Philippe ambitionne de ratisser de «la gauche sociale-démocrate à la droite conservatrice».
Le PS et LR trop faibles
Les partis ne se sentaient pas préparés pour cette dissolution. Les gauches sont arrivés en tête, mais n’ont jamais réussi à persuader. La domination de la gauche radicale à sa tête, Jean-Luc Mélenchon, ne les a pas aidés. En outre, il existe également un écart entre les Français et les partis politiques. En premier lieu, la gauche ne parvient pas à proposer un candidat à Matignon plus crédible que Lucie Castets, qui observe, encore amère, le socialiste Philippe Brun. « La séquence qui a suivi le 7 juillet n’était pas la bonne. On est allés sortir du chapeau quelqu’un que les Français ne connaissaient pas, ça paraissait un peu improvisé. Ensuite, ne pas proposer une sorte de coalition, en tout cas un contrat de majorité ou de non-censure qui nous aurait permis de durer dans le temps. Au lieu de ça, on s’est enfermés sur nos propres bases. »
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