Algérie
Tebboune annule sa visite en France
Le président algérien a annulé sa visite d’État à Paris, qui était prévue pour cet automne. Il a utilisé des termes très durs à l’égard de la France. Le ton est virulent, glacial et non diplomatique. Depuis que Paris a approuvé le plan d’autonomie marocain pour le territoire contesté du Sahara occidental, les relations entre l’Algérie et la France sont tendues.
Par Par Karim Maloum
Publié le 8 octobre 2024
Dans une interview accordée à une chaîne de télévision algérienne, ce week-end, le président Abdelmadjid Tebboune a confirmé ce qui était déjà prévisible à savoir l’annulation de sa visite d’État à Paris, qui devait avoir lieu en ce mois d’octobre. Il y a quelques mois, les relations entre l’Algérie et la France ont été confrontées à une crise diplomatique, avec notamment le retrait par Alger de son ambassadeur à Paris, après l’annonce fin juillet de l’appui du président Emmanuel Macron au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental.
A une question concernant la commission mixte algéro-française d’historiens, instituée par les deux présidents lors de la visite du président français en Algérie en août 2022, le président algérien a dit que cette commission avait été créée “pour dépolitiser l’histoire”, que “l’histoire doit reposer sur des faits et non pas sur des affirmations politiques”, avant de déclarer : “Il y a eu un colonialisme de peuplement; l’Algérie a été choisie pour le grand remplacement, le vrai grand remplacement (…), avec des massacres, avec une armée de Charles X génocidaire. Cela on ne peut pas l’effacer, il s’agit de faits historiques. Après, pour le reste, nous pouvons coopérer et avoir des relations d’amitié.(…) Avec M. Macron, nous avions convenu d’ouvrir une nouvelle page, opérer une refondation des relations algéro-françaises.” Et d’ajouter, en s’adressant au président français : “Il ne faudrait pas laisser une minorité chez vous contrôler l’histoire, une minorité qui déteste l’Algérie.” Il a ensuite abordé un sujet historique précis : l’effet des 17 essais nucléaires français menés dans les années 1960 dans le Sahara algérien et lancé : “Vous voulez qu’on soit amis? Venez nettoyer les sites des essais nucléaires.”
Concernant l’accord franco-algérien de 1968, qui accorde un statut particulier aux Algériens en ce qui concerne les droits de circulation, de séjour et d’emploi en France, et le fait que l’Algérie ne reprendrait pas ses ressortissants visés par des obligations de quitter le territoire français (OQTF), Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l’accord en question a fait d’objet de révisions en 1985, en 1995 et en 2001 “au point où il ne reste plus de contenu”; pour lui, “c’est un slogan politique, c’est l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes”, “les accords de 68 n’influent en rien ni sur la qualité de l’immigration ni sur la sécurité de la France”. Il a parlé de “mensonges hypocrites” visant à “faire détester l’Algérie aux Français”. Le président algérien ne s’est pas attardé sur la question des OQTF. En 2023, seuls 7 % des laissez-passer consulaires obligatoires pour quitter le territoire ont été délivrés par l’Algérie.
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