L’école cible de l’islamisme

Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de français à Arras, est assassiné aux cris de “Allah akbar” par Mohammed Mogouchkov, l’un de ses anciens élèves, âgé de 20 ans, fiché pour radicalisation islamiste. Depuis, les hommages se poursuivent, dont une cérémonie ce dimanche.

Nous sommes le vendredi 13 octobre 2023, vers 11h. Un jeune homme, armé de deux couteaux, s’approche de la cité scolaire Gambetta-Carnot, regroupant collège et lycée, quand quatre enseignants, dont Dominique Bernard, sortent de l’établissement. Mohammed Mogouchkov, un Russe de 21 ans, frappe son ancien professeur de français au cou et à l’épaule. Un enseignant tente de s’interposer mais l’assaillant le blesse gravement au visage et le poursuit jusque dans la cour intérieure du lycée.

Un passeur de savoirs

Ses élèves ont loué Dominique Bernard, le considérant comme un excellent professeur de français, un véritable passeur de culture, de savoirs, de fierté et de tendresse. Il était conscient du métier crucial qu’il exerçait. Il est mort de l’avoir exercé. D’avoir été un phare et un rempart.

Les meilleures explications sur les motivations du terrorisme islamiste sont sans doute celles qu’expriment les djihadistes eux-mêmes. Mohammed Mogouchkov, après avoir gardé le silence, exprime sa haine à l’égard des valeurs de la République française. Les islamistes détestent la démocratie et les libertés, particulièrement celles des femmes. Mohammed Mogouchkov dit avoir visé délibérément Dominique Bernard, qui, en tant que prof de français enseignait “une matière où l’on transmet la passion, l’amour de la République, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits français et mécréants.”

Isabelle Bernard : “Dominique a signalé le caractère dangereux de Mohammed Mogouchkov”

Isabelle Bernard a accordé au journal Le Monde son premier entretien depuis l’assassinat de son mari, sans dévoiler son visage. Elle affirme son engagement en faveur des valeurs d’humanisme et de tolérance, qui étaient celles du professeur de lettres Dominique Bernard. «Je ne mettrai pas en cause l’Éducation nationale, poursuit-elle. On ne peut pas leur reprocher quoi que ce soit par rapport à cet acte particulier. Quand Mohammed Mogouchkov était élève au collège et que Dominique l’avait en classe, l’équipe de direction a tout fait pour signaler le caractère dangereux de ce garçon. Tout le monde le savait. Chacun a fait son travail.” “Aujourd’hui, conclut Mme Bernard, je mesure dans ma chair à quel point la laïcité est un cadre pour bien vivre ensemble. Que des jeunes rejettent ce principe me semble tragique et épouvantable.”

En l’honneur de Samuel Paty et Dominique Bernard, une minute de silence sera observée dans les collèges et les lycées le lundi 14 octobre. La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a indiqué que les enseignants auront la possibilité d’organiser un temps d’échange et de réflexion avec leurs élèves, si cela leur convient.

C’est dramatique de constater à quel point les différents gouvernements qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années ont été impuissants face aux atteintes à la laïcité par les islamistes. Le manque de courage politique et le fait de ne penser qu’à être élu ou réélu, qui caractérisent la classe politique, n’aident pas à mener ce combat.