Entre foi et identité, la fracture algérienne
Un prétendu spécialiste récemment arrêté remet sur le devant de la scène une querelle aussi vieille que l’indépendance elle-même : celle de l’identité profonde de ce pays. En niant l’évidence amazighe, il ne fait qu’amplifier un mal ancien, nourri et entretenu par les régimes qui se sont succédé, tous animés par l’obsession de forger une identité nationale calquée sur l’arabité, au mépris des réalités historiques.
Par Kamel Bencheikh
Publié le 6 mai 2025

Même lorsque la Constitution a fini par reconnaître les trois piliers — amazighité, islamité, arabité — le conflit n’a jamais cessé de couver sous les cendres.
Depuis des générations, les élites pétries dans ce dogme ont méprisé l’héritage berbère, réduisant ses défenseurs au silence, à l’exil ou à la prison. Aujourd’hui, certains s’émeuvent du sort de ce faussaire provocateur et réclament sa libération, mais ils sont restés muets face à l’injustice qui frappe un homme véritablement libre et intègre comme Boualem Sansal, enfermé pour avoir eu le courage de nommer les choses.
Les années 1980 ont vu s’abattre une répression brutale contre les militants de la cause amazighe.
Dès avant l’indépendance, la question berbère divisait déjà le camp nationaliste. Les années 1980 ont vu s’abattre une répression brutale contre les militants de la cause amazighe. Et même lorsque la Constitution a fini par reconnaître les trois piliers — amazighité, islamité, arabité — le conflit n’a jamais cessé de couver sous les cendres.
Si ce peuple a été islamisé par des Arabes, il n’a jamais été arabisé. L’arabe fut le langage de la religion, jamais celui de l’effacement.
Ce qu’on semble oublier dans le vacarme actuel, c’est une vérité limpide : si ce peuple a été islamisé par des Arabes, il n’a jamais été arabisé. L’arabe fut le langage de la religion, jamais celui de l’effacement. Là où l’islamité ouvre hypothétiquement à l’universel, l’arabité enferme dans une appartenance exclusive. Embrasser une langue religieuse ne veut pas dire trahir ses racines.
Les prisons peuvent enchaîner les corps, mais elles restent impuissantes face à l’histoire, qui, elle, se joue toujours des faussaires.
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