Une proposition de loi pour marier les filles à 9 ans en Irak

La charia gagne du terrain

Après la Libye, récemment, c’est au tour de l’Irak de vouloir imposer les règles de la charia les plus misogynes et les plus discriminatoires à l’égard des femmes. Une proposition de loi vise à baisser l’âge du consentement au mariage de 18 à 9 ans mais aussi à retirer à la femme le droit de demander le divorce.

Par Rédaction Rupture avec agences

Publié le 15 novembre 2024

La charia gagne du terrain

Des femmes irakiennes manifestent contre le mariage des mineurs sur la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, le 8 août 2024.

© Ahmad Al-Rubaye / AFP

En Irak, une proposition de loi qui vise à baisser l’âge légal du consentement au mariage de 18 à 9 ans. Si elle est adoptée, les hommes pourraient épouser de très jeunes filles, une pratique déjà courante dans le pays, mais illégale. La mesure retirerait également aux femmes le droit de demander le divorce, à la garde des enfants après la rupture d’un mariage ainsi qu’à l’héritage. Porté par la coalition des partis chiites conservateurs au pouvoir, l’amendement annulerait la loi 188 adoptée en 1959 et considérée comme la plus progressiste du Moyen-Orient.

Des tentatives de modification de la loi 188 de 1959 avaient échoué en 2014 et en 2017, suite à un mouvement de contestation des femmes irakiennes.

La coalition des partis chiites “n’a jamais été aussi proche” de voter pareille loi, explique le Dr Renad Mansour, chercheur au Chatham House (un institut britannique de réflexion internationale), au journal anglais The Telegraph. Des tentatives de modification de la loi 188 de 1959 avaient échoué en 2014 et en 2017, suite à un mouvement de contestation des femmes irakiennes, mais cette fois, “le mouvement est plus dynamique qu’il ne l’a jamais été, souligne le chercheur, principalement en raison des partis chiites” qui veulent “consolider leur pouvoir”.

De son côté, Sarah Sanbar, chercheuse spécialisée sur l’Irak à Human Rigths Watch, a réagi à cette situation en déclarant : “Les filles devraient pouvoir aller à l’école ou jouer dans une cour de récréation, au lieu d’être obligées de porter une robe de mariée.”

Le fait que ces mariages ne soient pas reconnus par l’État créé une situation compliquée pour ces femmes mariées religieusement mais ne possédant d’acte de mariage, ce qui les prive de leurs droits, y compris celui d’accoucher dans un hôpital.

Selon l’Unicef, 28% des femmes irakiennes sont mariées avant l’âge de 18 ans. Cette pratique est pourtant illégale. Ces mariages sont fait par des imams ou des chefs religieux, avec l’accord du père de la fille, mais ne sont pas reconnus par l’administration. “Mon père m’a vendue au frère de l’un de ses amis. Je ne voulais pas l’épouser, il était trop vieux, violent, toujours très en colère. Mais je ne pouvais pas refuser”, a confié au journal français La Croix, Shaima, une femme divorcée de 47 ans. Le fait que ces mariages ne soient pas reconnus par l’Etat créé une situation compliquée pour ces femmes mariées religieusement mais ne possédant d’acte de mariage, ce qui les privent de leurs droits, y compris celui d’accoucher dans un hôpital.

Les islamistes menacent de plus en plus ce que les sociétés musulmanes ont réalisé au XXe siècle dans le domaine des droits et libertés.

L’amendement déposé par les partis chiites permettrait de légaliser les mariages des filles de moins de 18 ans mais cela “exposerait les jeunes filles à un risque de violences sexuelles et physiques”, met en garde Human Rights Watch.

En Lybie, le 6 novembre dernier, le ministre de l’intérieur, Imed Trabelsi, a convoqué une conférence de presse pour dire qu’il empêcherait désormais les “tendances” capillaires inappropriées et les tenues vestimentaires jugées trop relâchées. Son souhait est également de bannir la mixité de genres dans l’espace public et d’imposer le hidjab aux femmes, voire aux filles dès l’âge de 9 ans.

Les islamistes menacent de plus en plus ce que les sociétés musulmanes ont réalisé au XXe siècle dans le domaine des droits et libertés, notamment en ce qui touche aux femmes. Ce retour en arrière que connaissent plusieurs pays musulmans touche aussi l’Occident où la misogynie se développe et dès le plus jeune âge, comme on le voit dans les collèges et les lycées en France. Cette régression concerne le monde entier.

R. R.

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